VICTIME ! … ET MAINTENANT ? (4) Le processus de la violence

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Dernière partie: Le processus de la violence.

A moins d’avoir à faire à un individu psychologiquement déséquilibré, souffrant d’une psychopathologie quelconque, la violence ne vient pas inopinément comme par magie. C’est un processus parfois lent et insidieux qui se fait à deux.
Nous ne rencontrons pas les autres par hasard puisque inconsciemment, nous les avons attirés à nous ou choisis (voir article précédent) pour confirmer nos croyances et notre scénario de vie.
La violence est graduelle, elle est la résultante d’un manque de communication et le bénéfice négatif final d’un jeu psychologique.

Elle commence par des moqueries acerbes sur l’autre.
Difficilement identifiables car sous couvert de l’humour, mais elles ont bien pour but de faire réagir celui ou celle qui est visée et souvent c’est l’amorce d’un jeu psychologique (Donne-moi des coups de pieds).
A partir de cet instant, nous avons le choix d’arrêter le jeu ou de jouer avec l’autre.

Si je veux arrêter le jeu, je peux répondre:
 » Je suis blessé par vos ou tes moqueries et ne l’accepte pas…je souhaiterai que vous me présentiez vos excuses »
 » Je ne comprends pas ces réflexions de votre part, où voulez-vous en venir? »
 » J’observe ou je pense que vous me manquez de respect, à quoi jouez-vous? »
ou  » Oui, tout à fait… » et vous exagérez les moqueries sur vous-même (façon tirade du fameux nez de Cyrano de Bergerac) afin de désarmer le moqueur, mettre fin au jeu puis vous partez.
Si la personne continue de plus belle…
« Stop ! Ça suffit maintenant ! Ça ne me fait pas rire du tout, vous n’êtes pas drôle. » et vous tournez les talons puis partez.

Si je décide de jouer avec l’autre:
Je prends ses moqueries de plein fouet, je suis vexé et blessé. Je me tais, les garde en moi n’osant pas réagir de façon Adulte (je me place déjà en position de victime). J’accumule ses critiques volontairement jusqu’au moment où je n’en peux plus et où je vais devenir moi-même agressif ou violent vis-à-vis de l’autre.
Je prends ses moqueries de plein fouet et face à ce manque de reconnaissance de ma personne et au delà de mon existence, je me sens en danger et je réagis de suite en hurlant ou en menaçant l’autre verbalement (je deviens persécuteur)…vous connaissez la suite…
Avant chaque bagarre, les 2 individus vont s’invectiver de plus en plus fort, façon ping-pong jusqu’au premier coup.

Nous en arrivons au 2éme stade: la violence verbale.
Si vous acceptez que l’on vous manque de respect c’est que vous ne vous respectez pas vous-même alors le futur agresseur prend acte et face à votre manque de réaction ou de communication (Je ne suis pas OK), il va vous confirmer effectivement que vous ne l’êtes pas, OK.
Comme son but final recherché est bien de vous agresser ou de se faire agresser par vous, il passe au stade suivant de la violence verbale.
Cette violence verbale est l’expression d’une colère, d’une frustration, d’un besoin, d’un manque de reconnaissance pour la personne qui l’exprime, même si vous n’y êtes pour rien.
(Exemple: un délinquant exprime sa colère contre la société, les adultes que vous représentez d’une façon ou d’une autre et à travers vous, c’est la société dans laquelle il se sent rejeté qu’il attaque. Ce n’est pas vous personnellement, il ne vous connaît pas).
La violence verbale étant l’antichambre de la violence physique, il est important à ce stade de la prendre au sérieux, d’écouter l’autre et de le laisser exprimer sa colère. Plus vous allez l’interrompre pour le calmer, plus il va repartir à la charge avec encore plus de violence car en l’interrompant, en ne l’écoutant pas, vous ne le reconnaissez pas lui et le besoin caché qu’il n’arrive pas à exprimer clairement.
Laissez-le s’exprimer et ne réagissez pas à votre tour par peur ou par colère, ne jugez pas mais soyez à l’écoute et essayez de comprendre ce qui est en train de se jouer entre vous deux.
La personne va d’elle-même se taire quand elle aura vidé son sac. Une fois sa colère déversée, c’est à vous de parler avec calme et de le rassurer. Portez votre attention sur ses sentiments et besoins et non sur les vôtres, il s’en fout.
Si je décide d’arrêter le jeu:
Avec empathie, je désamorce avec calme et sang froid sa colère en connectant la personne à son besoin         » J’entends beaucoup de colère en vous, que veut elle me dire cette colère ? que souhaiteriez vous maintenant pour vous ?  » Il ne s’agit pas de satisfaire son besoin mais de le reconnaître, non de le sauver (ne pas être en position de sauveur) mais de l’aider avec compréhension en lui proposant des solutions alternatives afin qu’il ou elle ne ressente plus ce manque.
Dans la colère, c’est le petit enfant non satisfait qui s’exprime, il a besoin d’être rassuré par un parent bienveillant, protecteur et compréhensif.

Si je décide de jouer:
Je rends coups pour coups dans une surenchère (je suis à la fois victime et persécuteur). Dans les disputes au sein d’un couple, c’est à celui qui va mettre KO l’autre comme sur un ring mais en paroles.
En général, les femmes sont plus sensibles que les hommes, elles vont s’avouer vaincues en pleurant et rester prostrées (victime et je ne suis pas OK, l’autre n’est pas OK) tandis que les hommes vont plutôt passer à la phase trois: la violence physique parce que leur colère, leur manque de reconnaissance, leur mal-être, leur besoin, n’a pas été entendu ou respecté dû à un manque de communication intime et authentique.
3éme stade: La violence physique:
C’est le dernier recours au sentiment de colère et d’impuissance quand l’autre se sent à son tour jugé, condamné, ne peut se faire entendre, comprendre, reconnaître. C’est un aveu d’échec et d’incompréhension puissant pour celui qui frappe et pour celui qui reçoit les coups. Si l’auteur des coups n’est pas psychologiquement malade, un grand sentiment de honte et de culpabilité va l’envahir « j’ai pété les plombs, je n’ai pas réussi à me contrôler, je regrette, je m’en veux « . Dans les disputes conjugales il est courant de voir après, l’auteur de la violence tête basse, la mine défaite, très calme et regretter son geste. Adopter face à la police l’attitude d’un petit enfant ayant fait une grosse bêtise. Idem pour les délinquants qui se font arrêter après un délit.
La victime confirme bien évidement qu’elle est victime d’elle même en ayant laissé s’instaurer cette violence sans avoir cherché à la comprendre, la désamorcer, à la dissiper, et dans certains cas l’ayant elle-même incitée.
« Maintenant, je te tiens salaud  » et elle va pouvoir se placer en persécuteur de l’autre en le quittant ou en portant plainte contre l’auteur. N’oublions pas que dans le cas d’un couple, ils se sont tous les deux choisis.
Le persécuteur se retrouve victime de lui-même aussi, de sa propre violence et mal-être mais aussi victime de la décision de l’autre, du jugement pénal et peut-être de son incarcération. Je ne connais personne en ce monde qui souhaite consciemment (sinon dans son scénario de vie perdant) aller en prison ou en institut psychiatrique, ni même frapper une autre personne par plaisir.
Le bénéfice final est négatif pour les deux protagonistes.

A ce stade, difficile d’arrêter le jeu car la violence s’est déjà exprimée dans sa forme la plus primaire.
Le mieux est de partir sur le champ et de ne pas « jouer » aux héros.
Ensuite, la décision de poursuivre le « jeu » m’appartient, en revenant plus tard vers mon agresseur ou revivre avec, par exemple.
Je peux décider aussi de continuer le jeu en me défendant tout en agressant l’autre, le même principe que la violence verbale. C’est au premier qui mettra un genou à terre, qui sera KO.
Ce petit jeu peut même se retourner contre vous, l’agresseur agressé portera plainte (nous n’avons pas le droit de nous faire justice nous-mêmes) et il vous faudra vraiment prouver à la justice que vous étiez réellement en danger et en légitime défense.

Le processus peut être encore plus insidieux.
Exemple: Une femme qui enfant avait assisté à la violence conjugale de son père. Elle a eu aussi un manque de reconnaissance et d’amour de sa part et il était parti du foyer familial alors qu’elle était encore jeune. Tout en jugeant sévèrement son père sur son caractère violent, elle lui en a voulu aussi de ne pas l’avoir aimé comme elle l’aurait souhaité.
Plus tard, elle va rechercher inconsciemment bien-sûr, chez son mari,  la violence ancrée en lui vis-à-vis des femmes (de sa propre mère, lui aussi avait eu une histoire douloureuse dans son enfance, nous ne rencontrons pas les personnes par hasard) afin de se sentir vivante au sein de son couple (elle ne se sentait plus aimée par son mari). L’incompréhension et la non verbalisation de leurs besoins respectifs et leur manque de communication intime et authentique, va donner naissance aux critiques, moqueries puis laisser la place à la violence verbale qui va ensuite se concrétiser par de la violence physique. Tous deux ont ainsi confirmer leurs croyances que l’autre sexe était néfaste pour eux. Après un travail de psychothérapie chacun de leur côté, ils se sont remis ensemble et vivent désormais heureux.

Chaleureusement
Christophe Georgin.

http://www.libreavecsoi.com

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