LES DYNASTIES NORD-AFRICAINES EN TUNISE

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La Tunisie, comme une grande partie de l’Afrique du Nord, fut toujours trop lointaine géographiquement des grands centres de pouvoir musulmans – tels Bagdad, Damas et même Le Caire – pour être administrée directement. En conséquence, la rivalité entre Arabes et Berbères donna lieu à un assortiment souvent confus de dynasties locales et imposées par l’étranger.

la fin du VIII’ siècle, les Abbassides de Bagdad, successeurs des Omeyyades, nommèrent Ibrahim ibn al-Aghlab gouverneur de l’Ifriqiyya. Avec Kairouan comme capitale, il ne tarda pas à contrôler efficacement la Tunisie, l’est de l’Algérie et une grande partie de la Libye. Il connut un tel succès que le calife abbasside Haroun al-Rachid (héros de nombreux contes des Mille et Une Nuits) en fit un émir héréditaire. C’est ainsi que naquit la dynastie aghlabide, qui régna sur la Tunisie pour le compte de Bagdad pendant plus d’un siècle. Beaucoup des monuments architecturaux tunisiens comme la Grande Mosquée de Kairouan (p. 195) et les ribats (forts) de Sousse et de Monastir datent de cette époque.

Vinrent ensuite les Fatimides (nommés ainsi d’après Fatima, fille de Mahomet), des Berbères chiites originaires de Kabylie, dans le centre de l’Algérie. Se considérant investis d’une mission divine, ils déposèrent le calife abbasside, et élevèrent à la fonction de commandeur des croyants leur chef Ubayd Allah al-Mandi. Grâce à des alliances avec les tribus berbères rebelles, les Fatimides réalisèrent rapidement la conquête de l’Afrique du Nord, venant à bout des Aghlabides en 909. Un an plus tard, Ubayd Allah fut proclamé calife à Raqqada, au sud de Kairouan.

Anticipant d’éventuelles représailles, les Fatimides établirent une nouvelle capitale, Mahdia , sur un petit promontoire côtier aisément défendable. Ayant pris le contrôle de la vallée du Nil, ils déplacèrent en 969 le siège de leur pouvoir au Caire.

Soumise à des pressions pour un retour à l’orthodoxie religieuse, la jeune dynastie des Zirides, désormais au pouvoir en Ifriqiya, revint à la doctrine sunnite en 1045, défiant ainsi ouvertement les Fatimides du Caire. La réponse de ces derniers fut dévastatrice : ils dépêchèrent de Haute Égypte les tribus arabes des Banu Hilal, qui envahirent massivement le Maghreb, et le réduisirent en cendres au fil du siècle suivant. Les Normands eux-mêmes, conquérants de l’Angleterre en 1066, tinrent dès le milieu du XI’ siècle des portions de la côte tunisienne.

Au début du XII’ siècle, la vacance dynastique fut comblée par les Almohades qui, après avoir pris le pouvoir au Maroc, s’emparèrent de Mandia en 1160. Mais leur règne fut de courte durée. Le Maghreb finit alors divisé en trois : l’Ifriqiya (Tunisie) échéant aux Hafsides jusqu’au XVI’ siècle, l’Algérie aux Banu Abd al-Wad et le Maroc aux Mérinides. Cette partition géographique a plus ou moins subsisté jusqu’à nos jours.

La division entraîna cependant la réduction de l’influence de la région, et l’Afrique du Nord passa les quelques siècles qui suivirent dans une relative discrétion, loin des pouvoirs politiques naissant ailleurs : la montée en puissance de l’Empire ottoman déplaçait le centre de gravité du monde musulman vers Istanbul, tandis que la reconquête de l’Espagne sur les Arabes donnait naissance à une superpuissance chrétienne en pleine expansion.

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