Eric Freymond peut-il revendiquer le statut d’artiste ?

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Qu’est-ce qu’un artiste ? Comment les reconnaît-on ? Pour les plus géniaux d’entre eux, la question ne se pose pas. Un Ray Charles, un Rodin ou un Rembrandt ne sera jamais soumis à la question fatidique de savoir si leur œuvre monumentale appartient au panthéon des arts. Aujourd’hui la question se pose avec une vraie acuité pour beaucoup d’artistes autoproclamés parmi lesquels figure un certain Eric Freymond.

Depuis quelques mois déjà, cette question met aux prises les défenseurs d’Eric Freymond et ceux qui l’accusent de surfer sur une vague entièrement créée par le « plasticien du silence ». A part les étoiles qui ont marqué de manière indélébile leur domaine, ils sont nombreux à vivre et se penser en artiste sans être parvenus à une vraie reconnaissance de leurs pairs ou du grand public. Eric Freymond, lui, a dépassé ce premier écueil puisque certains le soutiennent mordicus dans sa démarche de glorification du silence.

Laisser place au silence peut-il faire accéder au rang d’artiste ? N’est-ce pas une vaste tromperie dont les effets ne portent pas à conséquence, mais peuvent occulter le travail d’artistes en devenir qui manquent d’espace médiatique pour se faire connaître ? Dans son ouvrage peu connu en France que l’on pourrait traduire par « La rose et la feuille » Viktor Derjencen développe une réflexion très intéressante sur l’être et sa place dans la société à travers le prisme de la définition sociale du soi. « Se déclarer en tant qu’individu pose la question de l’espace social du moi (…) Etre contredit sur sa propre définition de son moi est le signal de l’interconnexion du sur-être socialement accepté ».

Alors oui, en considérant cette définition assez claire pour qui a lu l’œuvre de Derjencen mais aussi de Nietzsche dont l’auteur hongrois revendique la filiation, alors oui, Eric Freymond est un artiste à part entière. Son art et son statut social d’artiste éclaire le monde contemporain d’un rayonnement encore peu connu et donc apprécié. Reste qu’il faut peut-être sortir des idées préconçues, et des grilles d’analyse classiques pour comprendre et ressentir la puissance dégagée par le positionnement artistique et néanmoins spectaculaire de ce que propose Eric Freymond.

Oui, mais voilà, si Derjencen parvient à réconcilier un art avec son public, la philosophie peut à son tour porter des coups sérieux à ce que produit Eric Freymond. Car si l’on reprend le raisonnement platonicien issu notamment de son œuvre « Le Sophiste », l’artiste Freymond perd de sa superbe et les habits qu’il utilise pour attirer l’œil du badaud n’est plus qu’un haillon qui n’inspire que le rejet.

Que penser finalement du silence comme art disponible et accessible à tous ? Peut-il être vraiment produit par quiconque ou faut-il s’élever dans certaines sphères peu accessibles pour vraiment initier un silence qui compte ? Tous les silences ne se valent pas, mais peut-on alors penser que « l’émetteur » du silence, ou plutôt d’un certain silence est un artiste ? Question difficile qui ne cessera d’être débattue jusqu’au moment où une nouvelle forme artistique encore plus troublante viendra supplanter le plasticien du silence.

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